Ces dernières années, les pays africains francophones ont connu une vague de coups d’État et une instabilité croissante, marquée par une montée du sentiment anti-français. Dans ce contexte, le Sénégal a longtemps été perçu comme une « exception », un bastion de sécurité et de démocratie,traditionnellement décrit comme le « bon élève » de la France. Or, le pays semble désormais se transformer et s’éloigner de plus en plus de son positionnement originel, ce qui pourrait redéfinir sa politique étrangère au niveau régional et international. Ce changement s’est manifesté lors des élections de mars 2024, marquées par la victoire démocratique du principal parti d’opposition,Pastef (« Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité »). Pastef a consolidé son soutien pendant la campagne électorale en critiquant fermement la France, tout en mettant en avant des propositions clés telles que la lutte contre la corruption et le chômage des jeunes. Cependant, contrairement à ses voisins sahéliens, le nouveau gouvernement sénégalais bénéficie d’une forte légitimité démocratique, ce qui lui confère une base solide pour annoncer d’importantes réformes internes et mener une politique étrangère dynamique visant à consolider son rôle au niveau régional.

Cet épisode de la série « African Talks » explorera le cas du Sénégal en tant qu’exemple particulièrement intéressant et significatif en Afrique de l’Ouest. Il mettra en lumière la singularitédu pays par rapport à ses voisins sahéliens tout en analysant les dynamiques sous-tendant sapolitique intérieure et étrangère. Plusieurs questions seront abordées : comment évolueront les relations entre le Sénégal, la France et, plus largement, l’Occident, après le retrait annoncé des troupes françaises et dans le contexte de la nouvelle administration Trump ? Quels progrès ont été réalisés dans la renégociation, promise par Pastef lors de la campagne électorale, des contrats avec des acteurs étrangers dans des secteurs stratégiques ? Quel rôle joue le Sénégal au niveau régional, notamment en tant que médiateur entre la CEDEAO et l’Alliance des États du Sahel ? Enfin, comment le paysage politique sénégalais a-t-il évolué huit mois après la victoire de Pastef aux élections législatives ?